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La Renault Twingo jette l’éponge

La Renault Twingo va prendre sa retraite après 30 ans et trois générations. Seule la version électrique sera vendue jusqu’à la fin de sa génération en 2022-2023. Pourquoi cette fin de carrière de l’une des Renault les plus mythiques de l’histoire de la marque ? Explications.

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On ne connaît pas la date exacte de la mise au ban, mais elle est actée. Luca De Meo, le nouveau patron de Renault veut se débarrasser des autos qui ne rapportent pas assez, ou pas du tout, et la Renault Twingo était dans le collimateur. Elle est désormais condamnée, l’italien l’a annoncé en début de semaine. Elle aura droit à deux ou trois ans de sursis, évidemment, le temps à la génération actuelle d’arriver en bout de course, mais ensuite, c’en sera fini de la citadine qui, il y a trois décennies à révolutionné le genre des petites autos populaires, en matière de design, d’ergonomie et d’habitabilité.

La Renault Twingo 1 allait fêter ses 30 ans

La toute première Grenouille comme on la surnomme à cause de ses phares ronds et de ses ailes de batracien, a été lancée en 1993. En 1973, on songe à remplacer la R4. Mais Georges Besse, alors à la tête de la Régie Renault, refuse tous les projets qu’on lui propose. Motif : « pas assez rentable ».En 1986, Raymond Lévy sort du placard le projet W60 imaginé par Jean-Pierre Ploué, alors jeune designer. Son dessin fait mouche face au travail de l’italien Marcello Gandini, dont la maquette est jugée trop « prétentieuse » pour une voiture simple. Celle qui a failli s’appeler « Maya », doit répondre à un cahier des charges très strict : « Lieu de détente, peu coûteux et facile d’utilisation, accueillant et aménagé ». C’est alors Gérard Gauvry qui se charge d’aménager l’habitacle et mise sur des éléments percutants comme la fameuse banquette coulissante sur 17cm. Autre trouvaille géniale : le compteur central numérique qui se contente d’afficher la vitesse, l’heure et le niveau de carburant. La Renault Twingo 1 s’équipe également du fameux moteur « Cléon » increvable. En 1992, au salon de l’Automobile, la Twingo ravit les foules. 10 000 commandes sont signées sur place. Désormais qualifiée de « Youngtimers », elle sera voiture de collection dans un an.

Les raisons d’une mise à mort

 Luca de Meo l’a confirmé : la Renault Twingo ne sera pas remplacée. Renault va abandonner le segment A qui intéresse de moins en moins d’automobilistes. L’arrivée de la version électrique offre donc un simple sursis à la Twingo. Ford et Opel ont déjà abandonné ce segment avec les Ka+ et Karl. Citroën et Peugeot ne donneront pas de descendance aux C1 et 108 qui entrent dans leur dernière année de production. Car ces autos sont peu rentables. Et le sont encore moins depuis l’instauration de normes de plus en plus drastiques en Europe. Les systèmes antipollution sont coûteux (traitement des oxydes d’azote et filtre à particules), et empêchent de réaliser ne serait-ce qu’une petite marge. Autre souci : la Renault Twingo était la cousine de la Smart Forfour dont elle partageait de nombreux composants. Mais Daimler a déjà mis fin au projet et ne partagera donc pas les coûts, plombant définitivement la rentabilité du projet. 

Scénic, Talisman, Espace : les autres Renault vouées à disparaître

La stratégie de Luca de Meo est claire : chercher des modèles rentables, ce qui suppose d’atteindre le seuil des 100 000 unités vendues. Une logique un peu oubliée dans l’automobile mais qui fait sens. La Renault Twingo ne sera donc pas le seul arrêt. Le Scénic, le Talisman et l’Espace aux ventes trop faibles, stopperons sûrement aussi leur production en 2023.

Anne-Charlotte Laugier, journaliste, blogueuse et romancière (Ramsay).