Les femmes dans l’automobile : elles grignotent du terrain
Non seulement, elles ne sont plus reléguées au siège passager, mais leur choix est décisif dans l’achat d’une auto. Quant elles ne travaillent pas elle-même dans le secteur, dans les réseaux de distribution, ou à la tête des marques.
Les femmes pourraient bien être l’avenir de l’automobile. Que ce soit pour acheter des voitures neuves ou d’occasion, pour entretenir leur véhicule ou l’assurer. Mais les femmes empiètent également sur un terrain professionnel jadis presque exclusivement masculin. Aujourd’hui, elles sont vendeuses de voitures, mécaniciennes, expertes, ou patronnes à la tête de marque ou de grands groupes. Lentement mais sûrement, en dépit du sexisme, des discriminations et des inégalités salariales, les femmes fissurent un univers trop longtemps dominé par les hommes. A leur façon, avec discrétion et avec beaucoup d’huile de coude, les femmes apportent leur petite pierre à cet édifice, trop longtemps testostéroné.
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Elles sont les premières clientes
L’automobile n’est plus un univers uniquement accaparé par les hommes. La preuve ? En Europe, 74% des femmes utilisent une auto au quotidien pour se déplacer. En France, un automobiliste sur deux est de sexe féminin et 44% d’entre elles achètent leur automobile toute seule. Quant à l’influence des femmes dans le choix de la voiture familiale, elle est évaluée à 70%. Ces dames sont donc le premier prescripteur d’achat automobile, mais elles jouent un rôle prépondérant en devenant des consommatrices avisées qui n’hésitent pas à fouiller les modèles convoités sur le net. Une position que l’on retrouve dans le domaine de l’après-vente (entretien, réparation..), ou les femmes représenteront bientôt, et fort logiquement, plus de 50 % des clients.
Elles sont de plus en plus souvent des pros de l’auto
Evidemment, les constructeurs n’ignorent pas les chiffres livrés ci-dessus. Et depuis une vingtaine d’années, ils cherchent à séduire les femmes. De plus en plus de distributeurs font appel à des vendeuses, dont les performances sont souvent supérieures à celles des hommes, selon une étude du cabinet McKinsey. Mais les réticences restent fortes, et les effectifs faibles. Une autre étude, signée TNS Sofres pour l’association Les Elles de l’Auto, souligne que 75% des concessionnaires sont réticents à l’idée d’embaucher des femmes à ces postes clés. Un frein à la féminisation qui touche l’ensemble de l’industrie, comme en témoigne le rapport du Sénat de 2016 porté par l’ex-ministre Chantal Jouanno. Selon son enquête, il n’y a que 10% de femmes dans ce secteur. Certes, elles n’étaient que 8% il y a huit ans, mais la progression est faible. Loin de la parité, Renault est pourtant en pointe dans ce domaine : les effectifs féminins du losange en 2000 étaient de 10% pour atteindre 18,8 % fin 2015 et 24,2% des postes clés à la même période. Autre signe de la montée des femmes vers les sommets : l’Américaine Mary Barra est aux commandes de General Motors depuis 2014. Plus modestement, Lynda Jackson dirige Citroën depuis 3 ans et Dorothée Bonnassies est à la tête de Skoda France depuis quelques jours. Mais les femmes envahissent encore insuffisamment les fonctions de dirigeants et les comités de direction, même si une loi prévoit des quotas féminins dans les conseils d’administration. Quant au sport automobile, elles en sont quasiment absentes, ou reléguées aux disciplines à faible audience. Mais elles risquent d’arriver prochainement en Formule 1, avec le programme “girls on track“. Hormis la française Michèle Mouton, vice-championne du monde des rallyes en 1982, aucune femme n’est montée sur un podium mondial. En revanche, elles sont de plus en plus nombreuses aux échelons intermédiaires, aux fonctions marketing, communication et ressources humaines. Reste que la route est longue pour que les femmes investissent aussi massivement les professions de l’automobile qu’elles ont investies la conduite de leur propre voiture.