Diesel : il n’a peut-être pas dit son dernier mot
Hué et vilipendé de toutes parts, le diesel est banni des grandes villes à court terme. Mais il n’est pas totalement condamné pour autant. Il émet moins de C02, consomme moins lorsqu’il équipe de gros moteurs et pourraient encore faire bien des progrès. Il pourrait même faire un retour en grâce.
Le chiffre est tombé au mois de janvier : en 2017, la part de marché du diesel a plongé sous la barre des 50% pour la première fois depuis l’an 2000. Une chute évidemment liée au bannissement programmé des voitures diesel dans les grandes métropoles européennes et au « dieselgate », cette grande tricherie dont le groupe Volkswagen s’est rendu coupable. Mais plus globalement, si le diesel a mauvaise presse, et mauvaises ventes, c’est parce qu’on lui reproche de salir nos poumons avec les particules fines qu’il émet. Ce carburant est-il pour autant mort et enterré ? Peut-être pas, et pour diverses raisons.
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Tant qu’il y aura de grosses voitures
Cette hausse importante de ventes de voitures essence est lié au marché français spécifique. Chez nous, les autos les plus achetées sont les citadines et les compactes. Des voitures suffisamment légères pour supporter de petits moteurs essence qui consomment peu. Or, l’on s’aperçoit que les grandes berlines, comme les SUV, sont beaucoup plus lourds et que dans ce domaine, le diesel reste toujours majoritaire. Et pour cause : au-delà de 130ch, un moteur essence consomme beaucoup. Même avec les progrès actuels, il faut compter 9 à 10l de sans plomb, alors que, dans la même voiture, 6 à 7l de gazole suffisent.
Tant que l’essence émettra du C02
La forte poussée des moteurs essence pose un autre problème : cette technologie est plus émettrice de C02 que le diesel. On a d’ailleurs constaté une augmentation des émanations de C02 l’an passé en France. Elle est certes mineure, puisqu’elle était de 111g en moyenne par véhicule en 2017, contre 110g en 2016, mais c’est une première depuis 1995 et elle est évidemment liée à l’augmentation des moteurs essence. Reste que les pouvoirs publics ne tiennent compte, dans les critères d’entrée des grandes villes que des fameuses particules fines émises par le gazole.
Tant que le diesel continuera à faire des progrès
De son côté, le diesel a fait de gros progrès. Les FAP (filtres à particules) modernes évitent à 90% des particules de s’échapper dans la nature, même si ce sont les plus fines qui s’évadent. Dans chaque bureau d’études, on continue de chercher à le rendre plus propre encore. Car les dirigeants de ces constructeurs savent que le jour ou s’en sera fini avec les particules en question, le gazole sera plus propre que l’essence.
Tant que l’électrique ne sera pas totalement opérationnel
La voiture électrique, c’est bien, silencieux et propre. Sauf que les investissements annoncés en la matière, s’ils sont gigantesques, ne tiennent pas totalement compte des clients et de leurs besoins. Même avec 500km d’autonomie, ce qui sera rapidement le cas de nombre de véhicules à watts, il faudra toujours compter plusieurs heures de charge à l’étape. Difficile de partir en vacances dans ces conditions. C’est un peu comme si les marques tentaient de vendre des voitures thermiques dans un pays qui connaît un manque flagrant de stations-service ou l’on peut faire le plein en cinq minutes. Pour autant, les infrastructures se mettent en place. Doucement, car les tractations se déroulent entre des pouvoirs publics et des constructeurs et chacun tente de faire le plus d’économies possible.
Tant que les investissements se poursuivront
On le voit, le diesel est loin d’être un carburant en voie d’extinction. Et le PDG de Volkswagen vient de le confirmer. Mathias Müller l’a affirmé cette semaine : son groupe investit 3 fois plus dans le gazole que dans la voiture électrique. Sachant que le constructeur allemand, qui regroupe Volkswagen, Seat, Skoda, Audi et Porsche s’apprête à dépenser 10 milliards pour les voitures à watts, on peut à juste titre estimer qu’il ne risque pas de placer 30 milliards sans avoir quelques convictions en la matière. Et d’ajouter qu’en matière d’environnement, « le diesel n’est pas un problème, mais une partie de la solution ».