Voitures thermiques : les pétroliers leur tournent leur dos
Le pétrole, c’est loin d’être terminé. Mais les compagnies pétrolières sont en train de changer de métier pour devenir gaziers et électriciens. Pour eux, la voiture thermique c’est bientôt du passé et elles préparent la reconversion.
Les ventes de voitures décollent. Depuis le début de l’année, les immatriculations d’autos à watts ont même explosées et représentent aujourd’hui, 8,4% du total. Selon un sondage paru cette semaine, 31% des Français sont d’ailleurs prêts à se lancer dans l’aventure. Autant de signaux qui poussent les pétroliers à réagir, et à changer leurs fusils d’épaule. BP, Shell Oil et les autres pensent à leur avenir qui pourrait bien se faire sans eux, s’ils ne changent pas de métier. Le Français Total, cinquième mondial, a déjà réagit, par la voix de Patrick Pouyanné, son PDG, qui s’est exprimé le 1er octobre dernier devant un parterre d’actionnaires.
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Des investissements en milliards pour le pétrolier Total
Evidemment, la compagnie pétrolière ne va pas s’arrêter de puiser, de raffiner et de distribuer du pétrole du jour au lendemain. Mais pour elle, la date est fixée : en 2050, Total sera neutre en carbone, ce qui signifie, dans les faits, l’arrêt de l’exploitation pétrolifère. Et dans 30 ans, Total ne sera plus pétrolier, mais électricien et gazier. D’ici là, le programme d’investissements est fixé, et il se chiffre en milliards.
De l’énergie renouvelable éolien, solaire et maritime
Au cours des 10 prochaines années, Total va investir dans l’électricité. Des investissements qui vont se déployer dans l’éolien, l’énergie solaire mais aussi maritime, à base d’électricité produite par la récupération de la houle et des vagues. Ce programme sera triplé dès 2030, avec un budget de 3 milliards annuels. Mais l’électricité n’est pas le seul cheval sur lequel mise le groupe pétrolier. Les mêmes sommes seront investies dans le gaz naturel énergie utilisée pour la Skoda Octavia G-TEC), au niveau de l’exploitation comme de la distribution. Et Total pourrait bien joindre les deux énergies, en exploitant notamment des centrales à gaz capables de fournir de l’électricité. Un gaz naturel qui, selon le PDG est deux fois moins polluant que le pétrole. Reste le volet de l’hydrogène, une solution pour permettre aux voitures électriques de fonctionner sans en passer par les batteries. Total reste vague à ce sujet, mais n’est pas absent pour autant de ce secteur. De futures annonces pourraient d’ailleurs être faites dans ce sens.
La distribution, l’autre métier du pétrolier Total
Si le groupe français puise et raffine le pétrole, il le distribue aussi au travers de ses 14 000 stations-services. Lesquelles pourraient bien suivre la même voie de reconversion que l’entreprise toute entière. Tout le monde aura remarqué les lourds travaux engagés sur les aires d’autoroute au cours de ces dernières années, celles de Total comme celles des autres pétroliers. Le but affiché consiste à étendre les stations jusque là limitées à une boutique et un snack. Nombre d’entre elles sont en train de se transformer en véritables centres commerciaux ou les futurs automobilistes pourront consommer pendant que leurs véhicules sont rechargés. Une opération plus longue qu’un simple plein et qui fait bien l’affaire des pétroliers. Car ces derniers sont propriétaires de ces zones et les louent à des enseignes ravies d’accueillir des automobilistes en attente de leur recharge complète.
Une prévoyance saluée par les marchés
Evidemment, ce plan prospectif ne sera pas une réalité demain. Mais trente ans pour transformer une entreprise de la taille de Total, présent dans 130 pays avec un effectif de 100 000 personnes à travers le monde, ne seront pas inutiles. Mais il est rare qu’une entreprise réagisse à temps, très en amont et avant qu’il ne soit trop tard. Cette prévoyance de Total a d’ailleurs été saluée par les marchés puisque, dans la foulée de cette annonce, son action a grimpé de 3,55%.