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Ventes mondiales : dans une mauvaise passe

La croissance en Chine est faible et les autres marchés ne sont pas, eux non plus en forme. Au premier trimestre de cette année, les ventes de voitures ont baissé un peu partout sur la planète.

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Le ciel se couvre pour l’industrie automobile depuis le début de cette année. Et la récession est mondiale. Au premier semestre, les ventes ont baissé de 6,6 % par rapport aux six premiers mois de l’année passée. Deux pays sont principalement responsables de cette chute équivalente, selon certains experts à ce qu’il s’est passé entre 2008 et 2009, au plus fort de la crise financière. Il s’agit de l’Iran et de la Chine. Ce dernier étant le premier marché du monde, avec 28 millions de voitures vendues chaque année, il peut selon qu’il soit au beau fixe ou en sinistrose, faire basculer l’ensemble de l’industrie automobile dans le rouge.

Les ventes en Europe et US ne sont pas épargnés

Cette année, la Chine réduit la voilure. Sa croissance dépasse à peine les 6% et même si l’Europe rêve d’atteindre de tels taux, son marché automobile baisse quant à lui de 12,4%. De quoi donner des sueurs froides aux constructeurs. Et comme une mauvaise nouvelle arrive rarement seule, les tensions entre les Etats-Unis et l’Iran, et la rupture des accords multilatéraux, ont signé le glas des ventes de voitures dans l’ancienne Perse. Sur le vieux continent, la chute est moins brutale, mais la baisse de 2,9% est significative, comme elle l’est aux Etats-Unis où elle atteint 2,4%. Seuls deux pays tirent leur épingle du jeu : le Brésil et le Japon. Pas de quoi rétablir la balance globale, et pas de quoi redonner du baume au cœur des constructeurs.

Les Français dont PSA sont touchés

Devant le repli général, on se demande évidemment comment se portent les constructeurs hexagonaux. Ils subissent de plein fouet la situation internationale, même si toutes les marques ne sont pas égales face à la crise. Du côté de PSA, fort de ses cinq entités, la situation est évidemment diverse et les fortunes aussi. Si dans l’ensemble le groupe a vu ses ventes baisser de 12,8%, Peugeot, et Citroën voient leurs ventes s’effondrer en Iran mais aussi en Chine. Ses usines sur place tournent aujourd’hui à 26% de leurs capacités, c’est dire l’importance de la situation. Seul Opel, nouvelle recrue de PSA, tire son épingle du jeu.

Renault en berne, Dacia et Lada en forme

Chez l’autre constructeur français, la situation est toute aussi contrastée. Car au sein du groupe Renault, on retrouve aussi Dacia et Lada. Or, pour ces deux marques low cost, tout va pour le mieux. Leurs ventes sont même en net progrès alors que l’ensemble de l’industrie mondiale est en baisse. Et la marque Renault aussi. Elle recule de 11,5% au premier semestre, alors que les voitures à bas coût du groupe affichent un solde positif à +4,5% pour Dacia et +6,8% pour Lada.

Et demain ?

Bien sûr, tous les professionnels du secteur se demandent combien de temps cette récession va durer, et comment éviter qu’elle ne fasse trop de dégâts chez les différents constructeurs. Selon les experts, la barre ne devrait pas se redresser avant deux ou trois ans. Une situation qui sera d’autant plus difficile à gérer pour les constructeurs, qu’elle correspond à une période de fort investissement pour eux. Car ils doivent gérer le basculement vers le modèle électrique, tout en développant des voitures autonomes, sans oublier d’améliorer encore leurs moteurs thermiques pour être dans les clous des futures normes d’émissions en Europe, fixées à 95g/km en 2021. Ce sont ainsi des milliards qu’ils doivent dépenser pour homologuer leurs voitures et pour ne pas se laisser distancer par leurs concurrents. Des milliards à dépenser d’un côté, et d’autres milliards perdus pour cause de baisse des ventes de l’autre. Une équation compliquée à résoudre.

Anne-Charlotte Laugier, journaliste, blogueuse et romancière (Ramsay).