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Clap de fin pour l’usine Bridgestone de Béthune

La fermeture de l’usine Bridgestone de Béthune spécialisée dans les pneus du manufacturier japonais semble actée. Mais syndicats et élus locaux comme nationaux tentent de trouver une sortie honorable pour les 863 salariés licenciés dans quelques mois.

usine Bridgestone

Il est resté inébranlable depuis l’annonce spectaculaire faite il y a tout juste une semaine. Le mercredi 16 septembre, Laurent Dartoux, PDG de Bridgestone Europe a annoncé par courrier aux 863 salariés de son usine Bridgestone de Béthune : « la cessation totale et définitive de l’activité de l’usine de Béthune ». Et malgré le tollé suscité par cette décision, le manufacturier japonais semble bel et bien décidé à fermer son usine française dans quelques mois.

Un tollé ministériel

C’est un nouveau coup de Trafalgar pour la région des Hauts-de-France après la fermeture, ces dernières années, de deux autres unités de production de pneus (Continental et Goodyear) et celle du fabricant d’électroménager Whirpool. La réaction a bien évidemment été à la hauteur de la stupéfaction générale, puisque Xavier Bertrand, le président de la région a immédiatement évoqué un « assassinat prémédité ». Pour le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, c’est « une trahison de la confiance que l’Etat et la région Hauts-de-France ont placé dans le groupe japonais ». De leur côté, la ministre du travail, Elisabeth Borne et la ministre déléguée chargée de l’industrie, Agnès Pannier-Runacher, se sont rendus sur place dès ce lundi pour rencontrer les syndicats de l’usine et entamer les négociations avec la direction de Bridgestone. Mais si le groupe se dit prêt à discuter d’un projet d’investissement et de reconversion du site, il reste ferme quant à sa fermeture.

Des produits qui ne correspondent plus au marché

Reste le cœur du problème : pourquoi fermer l’usine Bridgestone Béthune ? Le PDG de Bridgestone évoque « des problèmes de marché structurels qui amènent à prendre des mesures structurelles pour préserver la viabilité des opérations de l’entreprise ». En clair, il dénonce les parts de marché de plus en plus importantes en Europe des pneus Chinois qui, en quelques années, sont passées de 6 à 25% sur le marché de la deuxième monte (lorsque le consommateur change lui-même les pneus usés de sa voiture neuve). C’est un fait : les pneus low-cost grignotent du terrain et Bridgestone, comme Goodyear, Pirelli ou Michelin, fabriquent des gommes premium, donc plus chers. Sauf que l’usine Bridgestone de Béthune fabrique principalement des petites montes pour des citadines ou des berlines compactes. Or, ce sont précisément sur ces modèles que sont le plus souvent montés ces pneus pas chers. Bridgestone ne fabrique pas de gommes pour les SUV dans son usine du Nord et c’est justement un segment en pleine expansion, qui représente aujourd’hui 40% des ventes de voitures neuves, et autant de pneus. Un fait dénoncé par les syndicats de Béthune qui accusent leur employeur d’avoir sous-investit dans leur usine. Résultat : selon Bridgestone, cette unité est la moins rentable d’Europe et ses effectifs ont déjà fondus de 40% en l’espace de quelques années.

Bridgestone : Vers une reconversion du site ?

Quel sera l’avenir de l’usine Bridgestone Béthune après le deuxième trimestre 2021, date programmée de sa fermeture ? Xavier Bertrand entend bien « forcer » selon son propre terme, le Japonais à envisager un projet de reconversion industriel du site. Comment et avec quelle entreprise ? Mystère. Mais les élus locaux et le gouvernement consentent à mettre la main à la poche pour faciliter cette reconversion, à condition que le Japonais investisse également dans ce sens. Il restera alors à régler le cas des 863 salariés, du moins de tous ceux qui pourraient ne pas être repris par le nouvel industriel. Et, comme à Blanquefort chez Ford, ou chez Continental à Amiens, ils sont généralement nombreux à se retrouver sans travail après une telle opération.

Anne-Charlotte Laugier, journaliste, blogueuse et romancière (Ramsay).