Entretien et mécanique

Une étude réhabilite le diesel

Il avait mauvaise presse depuis le dieselgate de 2015. Pourtant, d’après une étude commandée par le ministère de l’écologie, les moteurs au gazole respectent les dernières normes en vigueur, plutôt sévères. Mais s’ils sont plus propres que l’essence dans certains domaines, ils sont plus sales dans d’autres.

Il symbolise le mal absolu. Depuis quelques années, et l’affaire du logiciel tricheur que le groupe Volkswagen aurait utilisé pour satisfaire aux normes antipollution américaines, le diesel est accusé de tous les maux et ses ventes sont en chute libre. Mais pour en avoir vraiment le cœur net, le ministère de l’écologie a commandé, en décembre 2019, une étude complète sur le sujet à l’IFPEN (Institut Français du Pétrole et des Énergies Nouvelles). Les résultats viennent enfin d’être livrés. Ils sont surprenants et démontrent que, sous certains aspects, le diesel est un meilleur élève environnemental que l’essence, mais qu’en parallèle, sur les trajets courts, l’essence reste la meilleure solution et que les hybrides rechargeables, capable d’effectuer plusieurs kilomètres en tout électriques sont les premiers de la classe.

Une étude en situation réelle

Pour procéder à son enquête, l’IFPEN a mis en place un protocole strict. Les voitures testées, au nombre de 22, affichaient au minimum 20 000 km au compteur. L’organisme a testé 8 marques différentes (Citroën, Peugeot, Renault, Ford, Volkswagen, Honda, BMW et Mercedes), des gammes représentatives de l’ensemble du marché. Toutes ces autos ont ensuite été soumises à des mesures de rejets par temps froid et chaud et à température moyenne. 306 heures de tests ont eu lieu tout au long de plus de 15 000 km. L’idée qui a prévalue à l’étude était de se rapprocher le plus possible des usages classiques de ces autos, dont les marques représentent 62% du parc français et 72% des ventes de diesels.

Essence et diesel sont aussi propres

L’une des premières conclusions de l’enquête n’est pas des moindres. Car il apparait que les moteurs les plus récents, tous carburants confondus et qui respectent la dernière norme européenne en vigueur (Euro 6d-TEMP), sont dans les clous des seuils normatifs, que ce soit en conduite dynamique, par temps chaud ou froid. Surtout, il ressort que l’essence et le diesel sont tous deux au même niveau de dépollution globale, même si des différences apparaissent dans certains domaines.

Gaz à effet de serre, les moteurs au gazole gagnant

Quelle technologie émet moins de protoxyde d’azote N2O et de méthane CH4, ce fameux cocktail qui produit le gaz à effet de serre ? Selon l’IFPEN, le diesel est le grand gagnant en émettant 6% de moins de gaz que l’essence. Qu’en est-il du C02, déterminant pour le calcul du malus et du bonus en Europe ? La encore le gazole l’emporte et de manière plus flagrante encore puisque ses émissions sont inférieures de 11% à celles du sans plomb. 

Tous les diesels ne sont pas égaux

Reste que le fameux dyoxyde d’azote, pointé du doigt par l’OMS est largement plus diffusé par les motorisations diesel que par les blocs essence. Pour les limiter, les constructeurs ont recours à des technologies spécifiques, elles aussi testées par l’IFPEN, comme le SCR. Ce système, qui utilise le fameux AdBlue, baisse effectivement ces émissions, même si elles restent 2,8 fois supérieures à celles d’un moteur essence par rapport à un moteur au gazole. En revanche, l’autre technique, qui consiste à équiper les voitures dieseld’un piège à Nox, est beaucoup moins efficace et émet 4,4 fois plus de dyoxyde que le sans plomb. Deux marques qui utilisent cette dernière technique se sont d’ailleurs vu rappelés à l’ordre par l’organisme testeur, sans que leur nom ne soit dévoilé. Pour autant, il ne s’agirait pas d’un constructeur français.

D’une pollution à l’autre Faut il pour autant réhabiliter le diesel et bannir l’essence ? Impossible de se prononcer, car si, globalement, le gazole est meilleur pour la planète que son rivale, ses émanations sont nocives pour les poumons. Reste que cette étude démontre que le diesel n’est pas le mal absolu que l’on a trop vite designé. Du moins pas dans tous les domaines.

Anne-Charlotte Laugier, journaliste, blogueuse et romancière (Ramsay).