Carlos Ghosn : le feuilleton continue
Mise à jour de l’article du 10 avril 2019 : Carlos Ghosn : le feuilleton à rebondissements
Vous avez aimé la saison 1. La nouvelle série d’épisodes des aventures de Carlos Ghosn promet d’être tout aussi passionnante. Après sa fuite mystérieuse du Japon, aidé, selon la presse locale par des mercenaires payés 20 millions de dollars, l’ex-PDG de l’Alliance Renault-Nissan a trouvé refuge au Liban, pays dont il est citoyen. Un pays choisi pour ces raisons, mais aussi parce qu’il n’a pas d’accord d’extradition avec le Japon, ou Ghosn est mis en examen.
Sommaire de l'article
Une conférence de presse ? Un show en mondiovision plutôt
Quelques jours après son arrivée au Liban, et après avoir passé le cap de la nouvelle année en famille, Ghosn a réuni la presse internationale pour une conférence de presse à Beyrouth. Du moins une partie de la presse a-t-elle pu y assister, puisque la salle était ouverte à 130 journalistes seulement. Les autres ont suivi le show Ghosn durant deux heures à la télé, puisqu’elle était retransmise, en direct, sur les chaînes info de nombreux pays. Dévoilant des documents, livrant sa version des faits, répondant à la presse, le Franco-Libanais s’est transformé en son propre avocat pour plaider sa cause.
Le Japon remonté, le Liban gêné et la France mesurée
Le show a eu l’effet escompté. Le japon, par la voix de sa ministre de la justice était outré et le Liban a interdit à son encombrant citoyen de quitter le territoire. Le pays n’avait pas vraiment le choix puisqu’Interpol, la police mondiale, a émis un avis rouge. Il s’agit d’un signalement précisant qu’une personne est recherchée quelque part dans le monde. Mais ce n’est nullement un mandat d’arrêt émis par l’organisme. De son côté, la France est restée d’une discrétion absolue. Une discrétion liée à la sensibilité de l’affaire. L’État est l’actionnaire de référence de Renault, avec 15% des parts et une information judiciaire a été ouverte à l’encontre de Carlos Ghosn dans l’hexagone pour plusieurs motifs, dont les festivités de son 60e anniversaire, célébrées en grandes pompes au château de Versailles.
Un émissaire très spécial
Mais cette discrétion affichée ne témoigne pas pour autant d’un dédain de la France pour l’ancien CEO du plus grand constructeur mondial. En témoigne la visite très inhabituelle qui lui a été rendue lorsqu’il était en résidence surveillée à Tokyo, au mois d’octobre dernier. On l’apprenait la semaine passée : Nicolas Sarkozy lui-même s’est présenté à son domicile, vraisemblablement dépêché sur place par Emmanuel Macron, puisque l’ancien président a remis une lettre du nouveau locataire de l’Elysée à Ghosn. On apprenait, dans la foulée, que l’ambassadeur de France s’était lui aussi rendu chez le résident très surveillé quelques jours auparavant. Évidemment, rien n’a fuité de ces deux entrevues.
Carlos Ghosn à l’attaque
Si les affaires judiciaires, et diplomatiques suivent donc leur cours au Japon, en France, mais aussi en Hollande, ou l’un des volets concerne une filiale de l’Alliance, elles prennent aussi ces jours-ci un tour plus social et plus pragmatique chez nous. Carlos Ghosn a en effet décidé la semaine passée d’attaquer Renault pour non-respect de son contrat et licenciement abusif. Il réclame, entre autres, de pouvoir bénéficier de la retraite chapeau (une sorte de retraite privée) inscrite à son contrat. L’homme est parfaitement en droit de porter cette affaire au tribunal des prud’hommes, puisqu’il est, comme des milliers d’autres, salarié, du losange. En revanche, l’issue de cette action reste pour le moins incertaine. Si ce rebondissement est le dernier en date, nul doute que l’affaire Ghosn en réserve encore de nombreux autres. Et nous ne manquerons pas de suivre pour vous, la saison actuelle, et peut-être celles à venir, de cette série. D’ailleurs, Ghosn lui-même a conscience de l’importance de cette aventure, puisqu’il aurait cédé les droits à Netflix. Reste que cette information n’a jamais été confirmée.
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Carlos Ghosn : le feuilleton à rebondissements
Article du 10 avril 2019
Relâché il y a un mois, l’ex-PDG de l’Alliance Renault-Nissan a été incarcéré à nouveau, non sans avoir au préalable enregistré une vidéo diffusée sur le web ces jours-ci. Au même moment, sa femme a fui vers la France. Rappels de l’affaire Carlos Ghosn aux multiples épisodes.
derniers épisodes et nouveaux rebondissements.
Les médias internationaux n’ont jamais autant évoqué Carlos Ghosn, malgré ses deux décennies à la tête de Renault-Nissan, que depuis le 19 novembre dernier. Ce jour-là, il était interpellé à la descente de son avion à Tokyo et transféré à la maison d’arrèt de Kosuge. Le motif de cette arretstation : une somme de 60 millions d’euros qu’il aurait dissimulé au fisc. S’en suivront, dans les semaines suivantes, nombres de nouveaux griefs qui vont justifier, aux yeux du procureur chargé de l’affaire, son maintien en détention, parmi lesquels des sommes destinés à renflouer ses comptes malmenés par la crise de 2008, des salaires fictifs attribués à sa sœur, les frais d’études de ses enfants règlés par Nissan ou son mariage à Versailles payé par Renault. Malgré ces faits, celui qui a été déchu de son poste par les administrateurs des entreprises qu’il dirigeait, a été libéré, moyennant une caution de 8 millions d’euros le 5 mars dernier.
Ghosn libéré et réincarcéré à nouveau
Tout rentrait donc à peu près dans l’ordre pour le franco-libanais puisqu’il bénéficiait d’un régime de liberté surveillé dans un appartement tokyoïte. L’homme a rencontré quelques journalistes, a ouvert un compte twitter et pouvait préparer sa défense avec ses avocats en attendant le procès. Mais la semaine passée, une nouvelle affaire éclatait. Une bombe venue de France puisque la direction de Renault a livré à la justice japonaise, les documents attestant de transferts de fond, via un distributeur du sultanat d’Oman. Ces fonds étaient destinés au propre fils de Carlos Ghosn en vue de la création de sa startup aux Etats-Unis. Le procureur de Tokyo a jugé les faits suffisamment graves pour ordonner une nouvelle mise en examen, et donc, une nouvelle incarcération. En conséquence, jeudi dernier à l’aube, la police japonaise a arrêté une nouvelle fois l’ex-patron pour le raccompagner à la prison de Kosuge, où il devrait rester, au moins, jusqu’au 14 avril prochain. Deux jours plus tard, sa femme Carole, qui devait être entendue par le juge, après s’être vue retiré son passeport japonais, s’envolait vers la France, grâce à sa double nationalité, et le passeport français qu’elle détient toujours. C’est d’ailleurs l’ambassadeur de France au Japon qui l’a accompagné jusqu’au pied de l’avion.
Une affaire qui suscite un tollé en France
L’affaire Ghosn devient donc de plus en plus rocambolesque et suscite des réactions aussi bien au Japon qu’en France. Mais si à Tokyo on ne juge pas, de manière générale, que la justice locale s’acharne sur l’ancien dirigeant de manière disproportionnée, il n’en va pas de même en France. Nombreux sont ceux qui évoquent des conditions de détention difficiles, voir inhumaines. Des jugements qui sont évidemment liés au système judiciaire hexagonal particulier, notamment en cas de délit financier. Si chez nous, la garde à vue, hormis en cas de terrorisme, ne peut excéder 48h, elle peut atteindre 22 jours au Japon, et être renouvelé en cas de nouvel élément du dossier. Cette différence de traitement pousse évidemment une partie de l’opinion à penser que la peine que subit Carlos Ghosn est indigne. Ce que suggère également Carole Ghosn dans ses interviews données au JDD et à RTL depuis son retour en France. Son mari quant à lui, ne joue pas de la même corde sensible pour appuyer sa défense. Dans une vidéo postée ce mardi, et enregistrée avant son arrestation, il dénonce le complot dont il serait victime, sans pour autant nommer Nissan. Mais il vise bien évidemment et sans le dire, l’entreprise qu’il dirigeait, et qui l’a livré à la justice.