Sécurité routière

Somnolence au volant : comment combattre ce fléau ?

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Somnolence au volant

Des aides à la conduite pour lutter contre la somnolence au volant

Les aides à la conduite se sont développées à grand pas ces dernières années. Parmi elles, figurent en bonne place les avertissements de sommeil, à l’instar de la nouvelle Mercedes EQE et de son Attention Assist, caméra qui analyse le clignement des yeux du conducteur et le prévient en cas d’assouplissement. Ce n’est pas un hasard si les constructeurs mettent le paquet sur ces « assistants d’attention » : la somnolence au volant est la première cause de mortalité des conducteurs sur autoroutes.

« La somnolence est responsable de 20 % des accidents mortels de la circulation en Europe, » assurent l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) et l’Association des sociétés françaises d’autoroutes dans leur livre blanc sur la somnolence. En France, si l’on prend en compte les accidents mortels qui ont lieu sur les lignes droites, 85% sont liés à la somnolence !

« Les accidents de la circulation causés par un conducteur s’endormant au volant sont particulièrement sévères et souvent mortels, du fait de la vitesse incontrôlée du véhicule lors de l’impact, et de l’incapacité du conducteur à freiner», explique le Professeur Damien Leger, Directeur du Centre du Sommeil et de la Vigilance de l’Hôtel-Dieu (AP-HP).

La somnolence altère en effet gravement les performances du conducteur, notamment sa faculté de décision. Concrètement ses réflexes sont ralentis ou même absents. C’est la raison pour laquelle la somnolence augmente provoque des accidents extrêmement graves par perte de contrôle du véhicule. 

La somnolence au volant : d’abord un manque de sommeil

La fatigue au volant est souvent liée au manque de sommeil, problème ultra fréquent dans nos sociétés développées où le temps de sommeil ne cesse de se réduire. Dans une étude récente, l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé indiquait que 45 % des personnes interrogées, âgées entre 25 et 45 ans, estiment dormir moins que ce dont elles avaient besoin.

Il existe bien sûr d’autres facteurs qui peuvent déclencher un état de fatigue. L’INSV cite ainsi la prise de certains médicaments (anxiolytiques, hypnotiques, antidépresseurs, relaxants musculaires, certains antihistaminiques et anticonvulsivants…), l’alcool et les drogues illicites, sans oublier la digestion d’un repas trop copieux.

L’étude de la Fondation Vinci Autoroutes

Les résultats d’une étude publiée par la Fondation Vinci Autoroutes sur la somnolence au volant sur les longs trajets sont formels : la somnolence est un fléau qui touche un conducteur sur deux. Cette enquête de terrain menée par des chercheurs des Hospices civils de Lyon et du Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (Inserm U1028) a été effectuée auprès de 185 conducteurs sur trois aires de l’autoroute A7. Premier enseignement pas très surprenant : il existe bel et bien un lien entre la qualité de sommeil la nuit précédant le départ et le niveau d’éveil et d’attention au cours du trajet effectué le lendemain.

Un conducteur sur deux s’endort au volant

Globalement, l’étude confirme la fréquence importante de la somnolence chez les conducteurs : 49% des personnes interrogées, soit près d’1 sur 2, déclarent « avoir connu des épisodes de somnolence au volant dans l’année qui a précédé l’enquête et, au moment de l’enquête, 46% se sentaient somnolents ». Un résultat préoccupant car, répétons-le, il s’agit de la première cause de mortalité sur autoroute.

Bien sûr, la longueur du trajet constitue un facteur qui amplifie l’état de somnolence ? En clair, plus le nombre de kilomètres parcourus augmente, plus les conducteurs le ressentent : au-delà de 400 kilomètres, ce sont plus des deux-tiers des conducteurs qui sont touchés.

Le stress des départs en vacances

L’étude de la Fondation Vinci Autoroutes est également intéressante car elle a été réalisée au moment des départs en vacances de Noël dernier. « Or, les départs en vacances sont souvent synonymes de bagages préparés à la dernière minute, de stress, de coucher tardif ou de lever très matinal qui réduisent souvent fortement la période de repos », rappelle la Fondation.

C’est un problème car la mauvaise qualité du sommeil est synonyme d’augmentation de la somnolence (76% des conducteurs qui ont mal dormi sont sujet à la somnolence lorsqu’ils prennent le volant), mais aussi d’une dégradation de l’attention avec une baisse de 20 à 25% des performances attentionnelles. Or, l’étude révèle que plus d’un conducteur sur deux avait diminué son temps de sommeil la nuit qui précédait le trajet, plus d’un sur quatre ayant dormi moins de cinq heures…

Les solutions pour lutter contre la fatigue au volant

Comment éviter ces épisodes de somnolence au volant ? S’appuyant sur les résultats de son étude, la Fondation Vinci Autoroutes préconise de :

  • faire une nuit complète de sommeil la veille du départ,
  • préparer ses bagages et son trajet à l’avance pour éviter le stress avant l’endormissement,
  • effectuer des pauses régulières tout au long du trajet,
  • faire des pauses au minimum toutes les deux heures ou dès les premiers signes de somnolence,
  • faire une sieste de 15 à 20 min pour retrouver un bon niveau d’éveil,
  • changer de conducteur régulièrement lorsque c’est possible.

Des applications pour éviter la somnolence

Plusieurs applications – qui fonctionnent sous Android & iOS – existent pour prévenir la somnolence au volant. On peut citer AntiDrowse qui émet une alarme de à intervalles irréguliers pour vérifier que vous ne vous endormez pas, Keep Me Awake, qui placée dans votre poche se met à vibrer si elle ne détecte aucun mouvement de votre part pendant plus de 50 secondes, ou encore Stay Awake qui vous « oblige » à toucher le bouton à intervalles réguliers pour signifier que vous êtes bien éveillé.

Mais selon nous, l’application la plus sérieuse se nomme Core For Tech, mise au point par une start-up française et le Centre hospitalier de Lille. En gros, ce logiciel mesure scientifiquement votre niveau de somnolence quand vous conduisez. Grâce à des capteurs intégrés, il est ainsi capable d’identifier la somnolence dès ses premiers stades et du coup vous permet d’anticiper les risques. En résumé, vous serez alerté tant qu’il est encore temps de s’arrêter, une vingtaine de minutes avant que les premiers signes de somnolence au volant apparaissent

Anne-Charlotte Laugier, journaliste, blogueuse et romancière (Ramsay).