Renault en zone de turbulence
Renault a vu ses ventes baisser au premier trimestre. Une situation liée aux problèmes internationaux et au vieillissement de la gamme. Mais cette mauvaise passe devrait s’estomper avec l’apparition de nouveaux modèles.
Le premier trimestre de cette année sera sans aucun doute une période à oublier pour les constructeurs français. Des quatre marques du groupe PSA (Peugeot, DS, Citroën et Opel), seules les deux dernières ont vu leurs ventes s’améliorer. Et en ce qui concerne Renault, seule sa filiale Dacia progresse, avec une hausse de 7,2% de ses bons de commandes. De son côté, le losange plonge de 11,1%. Mais qu’est ce qui peut bien expliquer cette déconvenue ?
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Les constructeurs interdits en Iran
Si les ventes de Renault ne sont pas au mieux ces temps-ci, c’est avant tout en raison des ventes à l’international, pas vraiment au beau fixe. L’arrêt de la distribution des voitures du losange en Iran se fait sentir, suite à la dénonciation des accords par Donald Trump, des accords pourtant signés par l’Union européenne, et qui avaient permis un retour des entreprises occidentales en terre iranienne, les constructeurs français souffrent. Peugeot y a perdu une part importante de son chiffre d’affaires en stoppant les importations dans ce pays, tout comme Renault.
L’Argentine en chute libre
Mais si jusqu’à la fin de l’année dernière, ce dernier pouvait compter sur l’Amérique du Sud et l’Inde pour compenser le manque à gagner iranien, ce n’est plus le cas. La récession argentine a fait chuter son marché intérieur de 49%, ce qui a fait plonger Renault de 47% sur ce territoire. Quant à l’Inde, les ventes de la Kwid, le petit Crossover conçu pour les pays émergents ne rencontre pas le succès estimé et moins de 20 000 exemplaires y ont été vendus en l’espace de trois mois. Un modèle qui, en revanche, remporte un franc succès de l’autre côté du la planète, avec une progression de près de 30% au Brésil. Enfin, dans cette mauvaise passe internationale, il convient d’ajouter les déboires du coréen Samsung, marque filiale de Renault qui voit ses ventes, limitées à cette partie du monde, chuter de près de 18%.
Des voitures moins rentables que celles de ses rivaux
En Europe, le problème de Renault tient évidemment à un marché en baisse général et le constructeur français y est confronté comme ses rivaux. Mais si Peugeot, son vieil ennemi, voit lui aussi ses ventes chuter, son chiffre d’affaires baisse moins que celui de Renault. Car le lion a réussi sa montée en gamme. Il vend beaucoup de 3008 et 5008 dont les marges sont élevées, alors que Renault, plus généraliste et plus généralement vendeur de petites autos est moins rentables. Ainsi, la Renault Clio a beau être la voiture la plus vendue en France, elle rapporte moins d’argent à son fabricant, à 15 000 euros l’unité en moyenne, qu’un Peugeot 3008, vendu toujours en moyenne, 30 000 euros.
Renault : une gamme vieillissante
L’autre problème de Renault ces temps-ci tient dans le vieillissement de sa gamme. Certes, la Clio sera renouvelée dans quelques mois (presque en même temps que sa rivale la Peugeot 208), mais le Kangoo nouveau, en version ludospace ou utilitaire, ne sera pas visible avant l’an prochain, alors que le modèle actuel accuse ses 12 ans. Un âge respectable qui pousse les amateurs de ce type de voiture à se jeter sur les Peugeot Rifter, Citroën Berlingo et Opel Combo renouvelés l’an passé. Enfin, Renault a quelques soucis avec son haut de gamme Espace. Le modèle actuel n’a pas les faveurs du public. Mais l’ensemble de la gamme du losange devrait être rapidement renouvelée. Les futures Renault sont dans les cartons, et l’effet nouveauté joue toujours à plein dans l’automobile. La preuve par Citroën. La marque est la seule française à voir ses ventes progresser au premier trimestre (avec Dacia, filiale de Renault). Et si la marque aux chevrons va si bien, c’est qu’en l’espace de quatre ans, l’ensemble de ses modèles a été renouvelé, de la petite C3 aux SUV C3 Aircross et C5 Aircross.