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Alpine en sursis

Quel est l’avenir de l’usine de Dieppe et de celui de la marque Alpine ? L’usine Normande tourne au ralenti et ne produit plus assez de véhicules. Et, au sein de Renault, Alpine pèse une goutte d’eau. Une goutte qui n’est pas rentable, ce qui est rédhibitoire à l’heure ou l’ex-régie doit faire des sacrifices.

Alpine Crossover

La semaine dernière, Renault a confirmé devoir supprimer 15.000 emplois dans le monde, dont 4600 dans l’Hexagone, dans le cadre d’un plan d’économie de 2 milliards d’euros sur trois ans. Quant à l’usine de Dieppe, elle ne sera finalement pas fermée. Pas tout de suite du moins. Mais l’épée de Damoclès plane sur elle. L’usine qui fabrique l’Alpine a obtenu un sursis de deux ans. Toutefois, sa pérennité dépendra d’une éventuelle reconversion.

Avec 420 millions de pertes l’an passé, Renault va mal et 4 de ses usines sont menacées. Pas mieux pour les deux autres membres de l’Alliance que sont Nissan (entre 730 et 830 millions) et Mitsubishi (220 millions). Et encore, la crise sanitaire et ses conséquences n’ont pas encore été comptabilisées dans cet abysse. Une réduction drastique des coûts s’impose forcément pour Renault. Et avec ça, la fin d’Alpine dont la fermeture de l’usine de Dieppe a été évoquée. « Cette usine ne produit pas assez de véhicules », dixit Jean-Dominique Senart, le patron du groupe Renault, et « elle ne peut pas rester dans cette situation ». Depuis l’arrêt de la production de la Clio 4 RS en 2018, la production est, en effet, tombée de 15 à 7 véhicules par jour. Un sursis de deux ans, « voire trois », a été évoqué sachant que Carlos Ghosn n’a jamais soutenu avec ferveur la renaissance d’Alpine, contrairement à Carlos Tavares, l’actuel patron de PSA

Alpine, une auto coup de cœur

Depuis les années 70, la berlinette A110 a réalisé bien des exploits. Championne d’Europe, championne du monde des rallyes, avant de s’éteindre sans jamais être parvenu à renouveler ses exploits, malgré l’A310 qui a succédé à l’emblématique petit coupé. Trente ans plus tard, la berlinette a ressuscité avec un design évoquant largement la première mouture. Mais au niveau planétaire, en dehors des Français, des Anglais et de quelques fans Japonais, peu de monde connaît l’Alpine 110. Et logiquement, lorsque cette dernière est relancée miraculeusement en 2018, pour la coquette somme de 54 700 euros, quelques inconditionnels qui ont suivi son passé glorieux se précipitent dessus. Puis, après un an et demi, la demande s’est tarie. Et l’apparition de l’A110 S qui a quelques chevaux de plus n’a pas plus relancé la machine. Pour tenter d’exister encore médiatiquement, la Renault Alpine a même essayé de se travestir en SUV. Mais rien n’y fait. L’Alpine est délaissée. Une ballerine excitante, agile et craquante pourtant et qui a fait l’unanimité auprès de tous les essayeurs. Mais il ne suffit pas d’être une auto coup de cœur et de plaire à la presse auto pour faire un succès commercial. 

Que va faire Luca de Meo ? 

Le sort d’Alpine est désormais entre les mains de Luca de Meo, le tout nouveau patron de Renault. Ce mois-ci, l’ex-dirigeant de Seat prendra ses fonctions. A lui de décider s’il faut continuer d’investir dans la marque et développer la gamme.  Rappelons que le nouveau patron de Renault a participé au développement de Cupra, désormais une marque à part entière et non plus uniquement une griffe sportive de Seat. C’est lui, également qui a fait d’Abarth une entité à part dans le groupe Fiat, lorsque De Meo exerçait ses talents à Turin. De quoi envisager une volonté forte de sa part d’encourager un projet ambitieux pour la marque créée par Jean Rédélé en 1955. A moins qu’il ne laisse mourir la berlinette mourir dans son lit normand et que la bien jolie ballerine qui enflamme les réseaux sociaux, ne termine ainsi sa courte seconde carrière. 

Anne-Charlotte Laugier, journaliste, blogueuse et romancière (Ramsay).