Renaissance et relance chez Maserati
La marque italienne, généralement discrète, passe à l’offensive en présentant coup sur coup, son nouveau SUV, le Grecale et ces jours-ci, la version découvrable de sa supercar, la MC20. L’occasion de faire le point sur l’avenir du trident.
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Maserati Celio : l’évènement 2022 de la marque italienne
Le lancement d’une nouvelle Maserati est toujours un évènement, même si, comme dans le cas présent, il ne s’agit que de la déclinaison d’un modèle existant. C’est ainsi que la semaine passée, la marque de Modène a dévoilé la version découvrable de son coupé ultra sportif : le MC20.
Plus Targa que réellement coupé, cette déclinaison s’appelle fort logiquement Cielo. Inutile de préciser que sa ligne est quasi parfaite : c’est une Maserati et à ce titre, son design est toujours tendu vers une face avant massive sans apparaitre trop m’as-tu vu, avec en son centre le trident qui signe la pureté de l’ensemble.
Le toit escamotable électriquement est en verre et l’on se dit que fort logiquement, cet ensemble et la mécanique qui l’animent doivent alourdir l’auto. Or, il n’en est rien et la Cielo ne pèse que 1 530 kg, ce qui parait considérable pour une auto moyenne, mais ne l’est pas pour une supercar, généralement plus lourde. Le secret se cache sous les entrailles de l’engin avec un châssis entièrement en fibres de carbone.
630 ch et tout confort
Pour animer cet ensemble, le Cielo cache sous son capot arrière le même moteur que son homologue fermé : le V6 3 l biturbo « Nutteno » de 630 ch et 730 Nm de couple. De quoi abattre le 0/100 km/h en 3 secondes. C’est brutal, mais n’oublions pas que l’on est à bord d’une Maserati, pas chez l’ennemi de toujours : Ferrari.
Et contrairement au rival de Maranello, à Modène on aime la douceur, la dolce vita. Une Maserati se doit d’être digne et confortable, quelles que soient les circonstances. Aussi, l’habitacle de la Cielo est tendu de cuir Ghiaccio et offre deux écrans de 10 pouces chacun. Car on peut aimer la vitesse et la farniente aussi.
Mais cet univers précieux et ouaté ne doit pas faire oublier les choses qui fâchent, comme le budget. Il devra être conséquent pour les rares clients qui pourront s’offrir l’engin, puisque le prix annoncé, débute à 265 400 euros. L’auto est ouverte à la commande, même si aucune date de livraison n’est connue pour le moment.
Des ventes divisées par deux
Bien évidemment, Maserati, et le groupe Stellantis (Peugeot, Citroën, Opel, DS, Fiat, Alfa Romeo, etc.) auquel la marque appartient désormais, ne compte pas sur le Cielo pour renflouer les caisses de Modène, plutôt vides.
Le cabriolet et son compère coupé sont avant tout des voitures d’image destinées à attirer les clients vers les autres modèles. Et il y a urgence. Car si les ventes de la marque s’étaient stabilisées autour de 50 000 euros jusqu’en 2017, elles ont depuis, été divisées par deux.
Alors le petit constructeur passe à l’offensive, poussé par sa maison mère, qui lui a concédé un investissement de 2,5 milliards d’euros, avec toutefois une obligation : produire, à partir de 2025, 50% de voitures électriques. On en est loin, mais le trident se bat pour reconquérir des parts de marché disparues et pour y parvenir il vient de lancer le SUV Gregale.
Un SUV compact, comme tout le monde
Encore un SUV alors que Maserati dispose déjà dans son catalogue du Levante ? Sauf que le Grecale est plus court que son grand frère, et appartient au segment le plus en vogue, celui qui attire la majorité des clients, celui des compacts, comme le Peugeot 3008 ou le Volkswagen Tiguan pour ne citer que les plus vendus.
Mais si le Grecale a des proportions similaires, il ne joue pas dans la même cour tarifaire. Marché du luxe oblige, le Grecale est plutôt comparable au Porsche Macan et démarre à 75 400 euros. C’est cher dans l’absolu, mais c’est plutôt abordable pour une auto de Modène.
Une version Trofeo, et un Grecale plus standard
Ce Grecale, s’il est proposé dans une version Trofeo V6 de 530 ch, l’est aussi et surtout dans une version quatre cylindres légèrement hybridée de 330 ch qui devrait représenter la majorité des ventes. Une puissance qui, si elle est largement au-dessus de la moyenne, ne transforme pas le SUV en bête de course. Car le Grecale pèse le poids rondelet de 1,9 tonnes et les chevaux sous le capot, s’ils permettent une conduite dynamique, ne le transforment pas en dragster.
Heureusement, il est parfaitement maintenu sur la route par le fameux châssis Girogio. Cette plateforme, signée Alfa Romeo, équipe ses Giulia et Levante d’excellente manière. Alfa l’abandonne et Maserati le récupère, pour le plus grand bonheur de son nouveau modèle qui, s’il reste modénais dans l’âme, ne l’est plus complètement dans ses lignes.
On retrouve bien sûr la fameuse grille de calandre typique de la marque et les trois ouïes d’aération sur le côté. Mais les designers ont dû se résoudre à faire rentrer les codes du SUV dans un dessin maison, ce qui apparait coton. L’ensemble n’est pas raté, mais il s’est banalisé. Reste un bon point à décerner à ce Grecale : sa planche de bord, totalement renouvelée.
Un habitacle enfin modernisé
Maserati a enfin abandonné l’architecture archi classique de son habitacle qui sévit sur l’ensemble de sa gamme, de la Quattroporte au Levante en passant par la Ghibli et on découvre sur le Grecale une toute nouvelle planche avec une implantation verticale des deux écrans au milieu de la console centrale.
L’ensemble est harmonieux tout en restant parfaitement fonctionnel et simple d’usage. Le tout est parfaitement assemblé avec des matériaux de qualité. En plus, ce SUV compact est presque aussi habitable que son grand frère Levante, puisque ce dernier, voit ses 20 cm supplémentaires se nicher dans son capot allongé, ce qui ne sert absolument pas l’habitabilité.
Maserati : Cap sur le tout électrique
Ce nouveau modèle permettra-t-il à la marque de réémerger ? Et surtout de passer le cap qui va la mener à la bascule vers le tout électrique fixé par Bruxelles à 2035 pour l’ensemble de l’industrie automobile européenne ? Rien n’est joué, mais le Grecale bénéficiera d’une version 100% électrique dès l’an prochain, tout comme le très attendu futur coupé Granturismo.
L’heure est donc à la relance à Modène, en espérant que pour la marque de voitures italiennes, l’heure ne soit plus à la malchance.