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Reconfinement : les professionnels tirent la sonnette d’alarme

Reconfinement : depuis le début de la deuxième vague, les ventes de voitures sont en baisse de 70%. Pour tenter de sauver la filière, les responsables réclament au gouvernement la réouverture des show-rooms, fermés depuis fin octobre. 

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On s’en souvient, au printemps, lors du premier confinement, toutes les usines automobiles françaises étaient contraintes de fermer leurs portes, et les shows-rooms des garagistes devaient en faire autant. Résultat : la chute des ventes avait atteint 90%. Aujourd’hui, rien de tout cela, pas tout à fait en tout cas : les unités de production sont autorisées à tourner à plein, durant le reconfinement. La volonté du gouvernement est clair : les entreprises doivent continuer à fonctionner. Pour autant, ces unités de production peuvent-elles tourner à vide, en accumulant et en stockant les voitures produites ? C’est la question que se pose actuellement l’ensemble de la filière, sachant, d’une part, que le stockage coûte cher et que, d’autre part, ces usines sont conçues pour travailler en flux tendus : ce qui signifie que les autos sont fabriquées une fois qu’elles sont commandées. Or, ces commandes ne sont pas signées, ou très peu. Depuis le début du mois de novembre les ventes de voitures ont baissé de 70% et le mois, comme le confinement, sont loin d’être achevé. 

Le click & collect n’est pas suffisant

Pourquoi cette chute brutale ? Parce que si les concessionnaires, comme les agents ou les garagistes indépendants, ont la possibilité d’entretenir et de réparer les véhicules, les shows rooms de présentation des autos neuves ou d’occasion doivent rester fermés. En d’autres termes, si la réparation d’une auto est considérée comme essentielle par le protocole sanitaire et les décrêts qui en découlent, la vente ne l’est pas. Et, pour les consommateurs, le remplacement de leur véhicule peut attendre. Une interdiction qui est néanmoins assouplie par le click&collect, comme elle l’est pour les autres professions non essentielles. En gros, ce système permet de commander sa voiture par téléphone ou via le web, et d’en prendre livraison au garage. Certains professionnels comme Vivacar proposent même la livraison à domicile. 

Le bonus écologique prolongé

Mais la chute des ventes est le signe que la digitalisation totale de cet acte de vente ne semble pas encore convaincre totalement les clients. Même s’ils sont très majoritaires à rechercher, configurer, et décider du choix de leur nouvelle auto via le web, nombre d’entre eux ont reculé leur achat et risquent d’attendre la fin du reconfinement pour se décider in fine. Et la décision de prolonger l’actuel bonus écologique, qui devait être réduit au 1er janvier prochain, jusqu’au 30 juin 2021, pousse d’ailleurs les consommateurs à différer leur acte d’achat.

Concessions fermées : Une baisse des ventes et une baisse du nombre d’emplois

Résultat : la filière s’inquiète et réclame au gouvernement la réouverture des shows-rooms dès cette semaine. Et si possible dès le 12 novembre. Seront-ils entendus ? Rien n’est certain, même si des décisions d’assouplissement, ou de nouvelles contraintes doivent être prises cette semaine en fonction de l’évolution de l’épidémie. Reste que les premiers signes des difficultés réelles dans lesquelles est plongée l’automobile française apparaissent déjà. L’usine PSA de Rennes, qui fabriquent notamment le SUV Citroën C5 Aircross, a décidé de suspendre son équipe de nuit dès cette semaine, ce qui provoque le départ de 500 intérimaires. Quant aux projections de ventes annuelles, elles ne devraient pas dépasser 1,5 millions de voitures, soit une baisse de 30% par rapport à une année standard. Un marasme qui fait craindre à la PFA (plate-forme française de l’automobile), l’organisme qui réunit les professionnels, la suppression de 60 000 emplois au cours des mois à venir.

Anne-Charlotte Laugier, journaliste, blogueuse et romancière (Ramsay).