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Pollution automobile : la France mauvaise élève ?

Les voitures françaises sont plus polluantes que les autres

N’en jetez plus, on est au courant. On n’arrête pas de nous le répéter. Nous, les Français, avons la mauvaise réputation d’être sales, d’être les crados N°1 d’Europe. On use moins de savon que les Anglais et les Allemands et, parmi nos compatriotes, seulement deux sur trois prennent une douche quotidienne. On n’est pas très bons non plus dans le maniement du déodorant par rapport aux pays voisins. Comme si toutes ces odorantes mauvaises nouvelles ne suffisaient pas voilà que Transport & développement, une ONG européenne, s’attaque à nos autos, pas plus propres que nous. On serait même les plus loqueteux du continent en matière de rejets de NOX, ces oxydes d’azotes qui sont la spécialité du diesel. Et justement, le gazole, on en raffole. Du moins on adorait ça en France jusqu’il y a deux ans. Résultat, notre vieux parc automobile (il a 8,7 ans) rejette massivement ces saletés dans l’air, puisqu’il est largement constitué de voitures nées entre 2010 et 2014. Ces 5,5 millions de moteurs au mazout ne sont évidemment pas aux dernières normes en matière de dépollution, d’où le bonnet d’âne attribué par l’ONG.
On se rassure comme on peut en constatant que les Allemands ne sont pas beaucoup plus propres que nous en matière de diesel et en observant que la situation s’est améliorée depuis deux ans. La courbe diesel – essence s’est en effet inversée dans les ventes de voitures neuves, à l’avantage du sans plomb. Reste que cette inversion a eu un effet immédiat : celle d’augmenter nos rejets de C02, fruit du cocktail explosif lié au succès des lourds SUV et à celui du SP95. Car le C02 est massivement contenu dans l’essence et peu présent dans le diesel. Nous voilà donc face à un choix cornélien : sauver la planète en roulant au diesel, ou sauver nos poumons en roulant à l’essence.

Pourquoi les autos les plus récentes sont-elles aussi les plus polluantes ?

Les nouvelles technologies sont à l’origine de nouvelles formes de pollution. Et l’automobile n’y échappe pas. Si les filtres à particules ou les moteurs à injection directe relèvent de technologies innovantes, elles ne sont pas pour autant vertueuses pour la santé publique. Elles produisent même une pollution assez complexe et néfaste pour le corps humain. A commencer par les filtres à particules des moteurs diesel qui forment des nanoparticules qui s’infiltrent jusque dans le cerveau. S’ils devaient rendre l’air plus respirable, c’est raté : les filtres à particules diesel ont un effet pervers car le filtre qui retient les plus grosses particules laisse s’échapper des nanoparticules. Du coup, des particules plus nocives capables de causer des maladies neurodégénératives sont rejetées dans l’air. A savoir : une particule est recouverte en surface par des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) qui sont très nocifs pour la santé. Autre innovation à l’effet pervers : les systèmes de dépollution qui, au final, génèrent une augmentation des oxydes d’azote (NOX). Les systèmes de dépollution mis au point par les constructeurs fonctionnent réellement lorsque le moteur est très chaud. Or, les moteurs qui circulent en ville restent froids pour la grande majorité. Ils émettent dont une grande quantité de NOX. Enfin, les moteurs essence à injection directe ne sont pas meilleurs pour notre cœur et nos artères car ils envoient dans l’air des particules fines. D’antan, les anciens moteurs mélangeaient l’essence à de l’oxygène pour qu’elle brûle mieux. La combustion était pratiquement complète, ce qui émettait très peu de particules ultrafines et nanoparticules dans l’air. Mais, avec l’arrivée des moteurs à injection directe ce n’est plus le cas. Ce mélange essence-air ne se réalise plus et la combustion est donc incomplète : les moteurs essences fabriquent des particules ultrafines. Il s’agit en quelque sorte d’une pollution invisible : les autos essence nouvelle génération sont, en termes de pollution particulaire, celles qui sont les plus polluantes. Elles bénéficient pourtant de la vignette critère numéro 1. Le seul bon point revient aux voitures à essence dont les émissions de NOX ont faibli. Car même les moteurs diesel hybrides posent problème : le système catalytique joue son rôle de dépollueur uniquement lorsque le moteur est très chaud, ce qui ne fonctionne pas avec un moteur qui se coupe régulièrement en ville…

Anne-Charlotte Laugier, journaliste, blogueuse et romancière (Ramsay).