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Le Mondial de l’auto est annulé

Le Mondial de l’auto, manifestation parisienne, prévue en octobre prochain est supprimée pour cause de Coronavirus. L’industrie automobile Française va y laisser des plumes. Et la question se pose une fois de plus : quid de ces grands salons internationaux ?

mondial de l'auto

Le périphérique ne bouchonnera pas début Octobre à proximité de la Porte de Versailles. Le Mondial de l’Auto qui se tient tous les deux ans, en alternance avec Francfort, a été annulé à cause de l’épidémie du Coronavirus. Les organisateurs du plus vieux (1899) et plus grand rendez-vous de l’automobile en termes de fréquentation (1 million de visiteurs en 2018), réfléchissent bien à conserver quelques animations autour du thème de la mobilité, mais l’expo en elle-même, et les stands des constructeurs, le cœur même du salon, est bel et bien supprimé. Une annulation d’importance pour l’industrie auto mondiale, et pour ses constructeurs nationaux : PSA et Renault. Alors qu’ils doivent déjà affronter une année très difficile, notamment à cause des mesures de CO2 très coûteuses, que leurs usines sont à l’arrêt pour cause de Covid19, voilà que la plus grande manifestation du genre au monde jette l’éponge sous la pression du même virus. Car il est bien compliqué de commander des stands à un million d’euros avec l’incertitude d’aujourd’hui. Après l’annulation du salon de Genève où toutes les nouveautés sont passées à l’as, rebelote. La situation se complexifie avec un calendrier des sorties complètement affecté. 

Mondial de l’auto : des solutions alternatives

Les constructeurs ne pourront donc pas exposer leur nouveauté à ce qu’on appelle désormais le « Paris Motor Show ». Un périmètre minimal sera néanmoins maintenu : des rencontres sur la mobilité durable ou des nouvelles technologies de la mobilité ainsi que quelques évènements hors murs comme des centres d’essais de véhicules. Pas de quoi soulager les constructeurs ni faire briller l’industrie automobile Française, c’est sûr. Luc Chatel, président de la Filière automobile, et Frederic Bedin, président de Hopscotch, les organisateurs du Mondial de l’auto, s’expliquent. « Au regard de la gravité de la crise sanitaire sans précédent face à laquelle le secteur automobile, frappé de plein fouet par l’onde de choc économique, joue aujourd’hui sa survie (…), nous ne serons pas en mesure de maintenir dans sa forme actuelle le Mondial de l’auto à la porte de Versailles pour son édition 2020. » Et d’ajouter : « Nous étudions toutes les solutions alternatives en relation étroite avec nos principaux partenaires » autour de « la mobilité innovante » et du volet « B to B », les relations d’entreprise à entreprise, ont-ils poursuivi. 

Des salons auto obsolètes 

Pourtant, cette annulation n’est peut-être pas si dramatique pour la marque, désormais habitués à en passer par d’autres canaux pour lancer leurs nouveaux modèles. Ils ont fait leurs calculs et nombre d’entre eux ont déjà renoncés à exposer à Genève, à Francfort ou au précédent Mondial de l’auto. En y ajoutant la mise à l’arrêt de l’économie en cette période et les pertes de commandes que subissent les constructeurs, ces derniers vont chercher à réaliser des économies. L’annulation du Mondial de l’auto leur en offre donc l’occasion. Mais cette suppression risque de poser des questions quant à l’avenir des salons, même si la situation générale s’améliore. Est-il finalement indispensable d’investir des millions d’euros dans les stands de ces grands shows automobiles européens ? D’autant que la fréquentation de ces manifestations baisse. Et plus elle baisse, moins les constructeurs s’y intéressent, entamant ainsi un cycle infernal. L’épidémie du Coronavirus venant, en quelque sorte, planter son drapeau noir sur des salons déjà en berne.  

Genève résistera-t-il

Dans cette bérézina des salons européens, Francfort a jeté l’éponge. Le salon allemand se déroulera l’an prochain à Munich, dans des conditions que l’on ignore. De son côté, Genève semblait, pour le moment, échapper au marasme grâce à sa situation idéale et neutre (la Suisse ne disposant pas de constructeurs nationaux) et sa périodicité (tous les ans au printemps). Lui aussi est touché par la désaffection des marques : Peugeot, Opel, Citroën, Land Rover, Jaguar, ont déclaré forfait pour cette édition finalement annulée. Qui pourrait dire l’avenir des lancements de nouveaux modèles de chaque marque ? Par quels canaux les marques vont-elles les faire connaître aux médias et au grand public. Personne ne le sait.  Mais une chose paraît claire : ils ne devraient plus en passer par des halls aux stands démesurément grands où se côtoient tous les constructeurs de la planète auto.

Anne-Charlotte Laugier, journaliste, blogueuse et romancière (Ramsay).