Le nouveau directeur de Renault est-il réellement mieux payé que Carlos Ghosn ?
L’affaire fait grand bruit depuis le début de la semaine. Luca De Meo, qui doit prendre la direction de Renault en juillet, serait mieux payé que son ex-président, Carlos Ghosn. Vrai ou faux ? Décryptage de la fiche de paie du nouveau boss.
Affaire conclue. Luca de Meo va effectivement quitter le groupe VW, pour lequel il dirigeait la marque Seat, pour prendre la direction du losange, en lieu et place de Cécile Delbos qui assurait ce poste par intérim. Sa prise de fonction ne sera effective qu’au 1er juillet, mais on connait d’ores et déjà la rémunération de l’italien. Il devrait toucher un salaire fixe de 1,3 millions par an. Mais à cette somme se rajoutent plusieurs variables. La première, qu’il pourrait toucher chaque année, peut atteindre 1,95 millions d’euros, soit 150% de sa rémunération intangible. La seconde « prime » est payable en action de 75 000 euros chaque année. Leur valeur, lorsque ces actions seront réalisées, pourraient donc atteindre près de 2,6 millions par an. En rassemblant ces diverses sommes, le salaire de Luca De Meo pourrait donc atteindre 6 millions d’euros. Soit 300 000 euros de plus que ce que Carlos Ghosn empochait en 2018. Du moins sur le papier.
Sommaire de l'article
Son salaire est près de trois fois inférieur à celui de Carlos Ghosn
Car l’ex-PDG de Renault aujourd’hui réfugié au Liban, avait accepté, au titre de l’exercice 2018, de baisser son salaire français de 30%, se contentant des 5,7 millions proposés par son conseil d’administration. Sauf que l’homme était également président de Nissan, un poste qu’il cumulait également avec la direction de Mitsubishi. Au total, ce ne sont pas 5,7 millions que le franco-brésilien a perçu cette année-là, mais bel et bien 15 millions d’euros au titre de ses trois fonctions. Soit près de trois fois plus que Luca de Meo.
Un variable soumis à la performance
On est donc loin du salaire, certes rondelet, du nouveau directeur général. En outre, une grande part de la rémunération de ce dernier sera soumise à la performance de l’entreprise. Or, le losange ne va pas très fort ces temps-ci. Le cours de bourse a dévissé de 50% depuis l’arrestation de son ex-PDG au Japon et elle stagne aujourd’hui à 34,50 euros. Nul doute qu’elle devrait rebondir lors de la nomination de l’Italien dont la réputation chez Fiat d’abord et chez Seat ensuite est ultra-flatteuse. Mais ce rebond risque d’être de courte durée et les marchés guetteront rapidement les signes tangibles de la reprise chez Renault.
Une marque en petite forme
Des signes qui, au-delà de la valorisation boursière, ne sont pas des plus favorables ces temps-ci. Les modèles hauts de gamme (Talisman, Espace) qui sont aussi les plus rentables dans l’industrie automobile, ont du mal à trouver preneur et la panne récente qu’a subi l’Espace officiel d’Emmanuel Macron en déplacement en Pologne la semaine passée, ne devrait pas redorer l’image de manque de fiabilité de l’engin. Plutôt spécialisé dans les petites autos, peu génératrices de marges, le Losange doit aussi livrer une rude bataille dans ce domaine. Traditionnellement meilleure vente française, la Clio s’est fait doubler au mois de janvier par son ennemie de toujours, la Peugeot 208. En ajoutant à ces soucis le peu de présence de la marque en Chine, les liens, et les synergies avec l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, De Meo aura fort à faire pour redresser la barre, mais surtout pour toucher l’intégralité des parts variables devant lui revenir en cas de réussite.
Mieux que d’autres Français, moins bien que les Américains
Reste que le nouveau directeur général n’est pas mal loti. S’il réussit à percevoir l’intégralité de son salaire, il se situera légèrement au-dessus de celui des dirigeants du CAC qui perçoivent une moyenne de 5,8 millions d’euros par an. En revanche, il sera toujours très loin des quelques 12 millions d’euros que touchent, en moyenne, les patrons des 500 premières grandes entreprises américaines.