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La crise des puces électroniques fait caler l’automobile

Plusieurs usines automobiles de par le monde sont à l’arrêt quand d’autres tournent au ralenti. En cause : une pénurie des semi-conducteurs. Ces puces électroniques qui viennent à manquer pourraient entraîner un retard des livraisons de voitures commandées. Un accident industriel qui rappelle à l’Europe à quel point ces composants sont stratégiques.

puces électroniques

Le Covid a parfois des effets secondaires sur l’économie automobile. Après avoir frappé directement les ventes en 2020, avec un marché en baisse de 25% en moyenne, la crise sanitaire pourrait bien saper la relance en 2021. En cause, des petites puces électroniques devenues vitales dans les voitures modernes. Ces composants électroniques fabriqués très majoritairement à Taïwan, au Japon et en Corée viennent à manquer et c’est l’ensemble des chaînes de montage qui sont contrariées. D’autant plus que le problème pourrait être long à résoudre, les marques d’équipement high-tech étant les clients prioritaires, devant les constructeurs automobiles. Au départ, les pertes de volumes devaient être compensées mais les doutes se multiplient et Ford et GM ont d’ores et déjà annoncé la possibilité de pertes financières.

Qu’est-ce qu’une puce électronique ?

En dix ans, l’utilisation des puces électroniques dans l’automobile a été multipliée par trois. C’est une barre de silicium, découpée en petites tranches, sur laquelle sont implantés les systèmes de stockage et de transmission des informations. On les appelle aussi les « semi-conducteurs » car ces appareils permettent de doser finement le passage du courant.   

GM à l’arrêt, les constructeurs mondiaux au ralenti

L’un des constructeurs les plus frappés par cette pénurie, General Motors, vient d’annoncer la fermeture de trois de ses usines américaines jusqu’au mois de mars. De son côté, Stellantis (PSA-FCA) a dû ralentir ses productions en Allemagne et en Espagne. Quant à Renault, il a été obligé d’interrompre la production de son usine de Sandouville. Au Japon, Honda a limité la production de sa Jazz (appelée Fit là-bas) et Nissan devra se contenter de produire 5000 Note seulement au lieu des 15 000 qui étaient prévues. Chez Volkswagen, la production va être temporisée en Chine, en Europe et en Amérique du Nord. Ford a mis en pause la production du Kuga. Même combat pour la Jeep Compass qui ne reprendra son activité qu’à la fin du mois de janvier. Toujours en raison du manque de puces, la marque Audi a mis au chômage partiel 10 000 employés dans ses sites d’Allemagne. La liste est vertigineuse. Et elle concerne aussi les grands équipementiers mondiaux, comme Bosch, ou Valeo devenus les fournisseurs numéro un des contenus technologiques des véhicules.

Pourquoi une telle crise de la puce électronique ?

L’industrie automobile est devenue friande des puces électroniques ces dernières années. Les voitures hybrides et électriques en réclament plus que les autres et ils se trouvent que leurs ventes, justement, s’envolent. Un acteur domine le marché : le géant taïwanais TSMC. Ce dernier fabrique plus de la moitié des puces électroniques dans le monde et 70 % de celles utilisées dans les voitures. Or ses fonderies sont à saturation. Les filières automobile et électronique se sont donc laissé surprendre par une reprise plus rapide que prévue des ventes de véhicules. Une reprise alors que les demandes de produits tels que les téléphones, les consoles de jeux vidéo ou les ordinateurs sont aussi en croissance, distanciation sociale oblige.  La fabrication des micro-contrôleurs utilisés pour la gestion du moteur, la direction assistée ou autre le freinage anti-blocage, nécessite quatre à six mois minimum…

Les gouvernements réagissent

L’Europe produit moins de 10 % des puces électroniques dans le monde, contre 44% en 1990. Du coup, Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée à l’Industrie, a décidé de discuter avec la Commission européenne pour remettre de l’argent dans cette filière. Bercy souhaite, en effet, une collaboration entre les secteurs de l’automobile et de l’électronique. Bercy invite aussi les différents utilisateurs de ces composants à entrer en contact pour partager d’éventuels stocks. Une autre solution à plus long terme serait d’augmenter les capacités de production locales. Le gouvernement entend accélérer l’émergence de « projets structurants » dans le cadre du quatrième plan d’investissements d’avenir. Mais certains dispositifs de fabrication peuvent prendre un an, à un an et demi, à être déployés.

Anne-Charlotte Laugier, journaliste, blogueuse et romancière (Ramsay).