Essai voiture

Pourquoi les bombinettes sont toujours là, malgré les tracas ?

Les radars se multiplient et la vitesse est de plus en plus limitée. De quoi décourager les conducteurs et, à fortiori les constructeurs, de s’offrir, et de proposer, des autos puissantes. Et pourtant, malgré un mythe de l’automobile en dégringolade et des obstacles sur la route des usagers en escalade, les petites autos sportives n’ont jamais été autant d’actualité. Contradiction ? Pas vraiment. Explication d’un phénomène et focus sur les derniers modèles tous frais sortis des chaines.

80km/h sur les routes secondaires, multiplication des radars mobiles : autant de nuages sur le chemin de la conduite sportive. Sauf que, paradoxalement, les petites GTI apparues dans les années 80 n’ont pas disparu. Au contraire, elles se multiplient. Rares sont les constructeurs généralistes qui ne disposent pas d’une version musclée de leur citadine ou compacte. Seule exception à la règle : Seat qui ne renouvèlera pas l’Ibiza Cupra. Cette persistance chez tous les autres ont leurs raisons. Des motivations financières bien sûr, mais aussi purement imaginaires. L’imagination, c’est celle des clients, tous ceux qui achètent des Renault Clio lambda, des Peugeot 208 minimalistes ou des Ford Fiesta de base, mais qui savent que leur auto existe aussi en version RS pour la première, GTI pour la deuxième et ST pour la dernière. Et ils en tirent, même très inconsciemment, une certaine fierté, celle de savoir que leur auto peut être équipée d’un bloc de 200ch (avec quelques aménagements au niveau des suspensions et des freins tout de même). Les constructeurs communiquent d’ailleurs sur ces versions dopés beaucoup plus que leurs ventes ne l’exigeraient. Mais pour autant, ces drôles d’autos sont génératrices de bénéfices. Car l’ajout de quelques chevaux, de freins redimensionnés, de surpiqures sur les sièges et de pédaliers en alu ne justifient pas un doublement du tarif par rapport aux versions de base. C’est autant de marge bénéficiaire engendrée par la marque. Même s’il se vend moins de GTI que de versions plus civiles. Autant de bonnes raisons de produire encore et encore de petites bombinettes comme la Volkswagen Up! GTi et la Mégane RS qui surgissent ces jours-ci sur le marché.

Volkswagen Up ! GTi : la plus amusante

C’est l’une des plus petites et des moins chères du moment. Bien sûr, elle en rajoute. Liseré rouge Tornado sur la grille de la calandre, étriers de frein du même coloris, becquet arrière, jantes 17 pouces, sortie d’échappement chromée et revêtement des sièges à motif à carreaux. Sans oublier le logo GTi et un bruit d’échappement rauque qui rappelle qu’il ne s’agit pas d’une simple Volkswagen à essence. A la fois aussi agile qu’un kart avec ses 115 chevaux (elle ne pèse que 995Kg) et ses suspensions sport sophistiquées, la bombinette qui vient juste de montrer le bout de son becquet n’en oublie pas d’être aussi ultra confortable. Pour couronner le tout, avec son filtre à particules essence, Madame est sobre : elle satisfait à la nouvelle norme antipollution Euro 6 AG. Ses accélérations sont plus qu’honnètes (0 à 100km/h en 8.8s). Et la sonorité est artificiellement amplifiée par les haut-parleurs. Si, à l’attaque, elle dévoile ses limites, la Volkswagen Up ! GTI reste très amusante à conduire en ce qu’elle procure de bonnes sensations et que ses défauts deviennent attachants. Une bombinette bientôt commercialisée au prix d’entrée de gamme de 16 790 euros (sans souffrir du malus écologique). A équipement équivalent, sa grande rivale, la Renault Twingo GT, est un peu plus abordable. Mais son comportement n’est pas aussi amusant. Reste que, la petite Volkswagen comme la mini Renault ne sont pas au mieux au niveau des ventes, et leurs variante boostée existe aussi pour redynamiser une image qui n’est pas au top.

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Renault Megane RS : l’ultra attendue

C’était le mètre étalon en matière de sportive abordable. La Renault Megane RS 3e du nom a détrôné toutes ses rivales en matière de chrono, et surtout, de comportement routier. Autant dire que sa remplaçante, tout juste débarquée était attendue au tournant. Verdict ? Elle s’est civilisée. Ses cinq portes, au lieu des trois de la précédente génération, lui offre une vocation plus polyvalente, d’autant que sa boite auto ETC en facilite l’usage. Les pistards choisiront évidemment la boite mécanique, et la version Cup plus ferme encore qui devrait arriver très vite. En attendant, le châssis à 4 roues directrices est capable d’effacer les virages beaucoup mieux que la très grande majorité de ses concurrentes. Reste que cette technologie a un prix : 43 653 €, auxquels il convient d’ajouter 4 253 € de malus. La GTI sportive du pauvre ? Çà c’était avant.

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Anne-Charlotte Laugier, journaliste, blogueuse et romancière (Ramsay).