Les femmes, un exemple à suivre au volant
Le 10e baromètre annuel de la conduite responsable publié par Vinci Autoroutes révèle qu’un conducteur Européen sur cinq admet changer de personnalité lorsqu’il passe derrière le volant. Le docteur en psychologie Jean-Pascal Assailly explique pourquoi on ne conduit pas comme on vit et décrit aussi le rôle modérateur des femmes au comportement nettement plus exemplaire que les hommes en voiture.
M jekyll et Mr hyde. De nombreux français, pourtant très courtois, souriants et posés dans la vie, deviennent fous de rage et se mettent à injurier les autres dès qu’ils prennent le volant. Tout à coup transformés en des êtres impulsifs et nerveux, incontrôlables à l’abri de leur bulle cocon, ils changent de visage, se croient tout permis et exacerbent les incivilités sur la route. Bernadette Moreau, Déléguée générale de la Fondation VINCI Autoroutes, s’en inquiète : « La tendance des conducteurs à se sentir dans leur bulle lorsqu’ils sont au volant leur fait oublier la dimension collective de la conduite et par là même les conséquences de leur comportement sur les autres. À la veille des départs en vacances, le stress généré par les longs trajets dans un trafic dense a fortiori dans le contexte anxiogène de la crise sanitaire doit amener chacun à adopter une conduite responsable et apaisée, pour contribuer à la sécurité et à la sérénité de tous sur les routes.»
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Des comportements plus nerveux au volant
Un pourcentage affolant d’automobilistes souffriraient d’une sorte de douce schizophrénie une fois au volant de leur auto. Ce brutal changement de comportement une fois dans leur chignole aurait déjà touché plus de 87 % d’automobilistes Français. Et, d’après le 10ème baromètre annuel de la Fondation Vinci Autoroutes réalisée par Ipsos auprès de 12 400 personnes dans 11 pays européens, 20% admettrait ne plus être la même personne quand il conduit. La vaste enquête qui dresse un état des lieux des comportements et représentations des Européens au volant révèle aussi que 70% des conducteurs français (55% des Européens) avouent donner carrément des noms d’oiseaux aux autres conducteurs. Autre attitude à risque liée à l’exercice de la conduite qui met décidément à fleur de peau bien des automobilistes lambda : 34 % « collent » délibérément le véhicule d’un conducteur qui les énerve… Les justiciers de la route sont de sortie et certains psy tentent de trouver une explication à ce côté M jekyll et Mr hyde si fréquent.
La voiture, une « bulle utérus »
Pourquoi, à peine la clef de contact tournée, les automobilistes se mettent, sans bien savoir pourquoi, à critiquer à tout va les autres conducteurs, à pester dans les bouchons et à injurier pour une erreur de clignotant… Jean-Pascal Assailly, docteur en psychologie et qui mène depuis plus de vingt-cinq ans des recherches en matière de sécurité routière, a bien son idée sur nos comportements et notre état psychologique au volant. « Il n’est pas rare, en effet, de croiser sur la route des gens qui conduisent dangereusement alors qu’ils sont très prudents par rapport à leur compte en banque », débute Jean-Pascal Assailly au téléphone. Pourquoi un tel revirement de personnalité une fois au volant ? « Parce que, poursuit le docteur en psychologie, pour la grande majorité, la voiture crée bien quelque chose de spécifique. En fait, une auto est une formidable machine à nous faire régresser, une bulle utérus où nous retrouvons tout simplement les sentiments de toute-puissance du nourrisson ! ». Mais chaque danger provoqué au volant ne concerne par forcément les mêmes populations : « Le dépassement des limites légales de vitesse, le dépassement des alcoolémies légales, le téléphone au volant sont trois infractions fréquemment commises ; or, elles ne sont pas nécessairement commises par les mêmes conducteurs », souligne Jean-Pascal Assailly.
Les femmes plus vertueuses au volant
Y a-t-il de grosses différences entre hommes et femmes au volant ? « Affirmatif » lance le psychologue. « Même si les femmes prennent plus de risques qu’avant et représentent un conducteur sur deux, elles demeurent plus respectueuses du code de la route ». Les chiffres de la sécurité routière parlent d’ailleurs d’eux-mêmes : 95% des délits routiers sont le fait des hommes, 67% des retraits de points de permis de conduire, c’est encore les hommes, et 95 % des accidents mortels sont imputables à des hommes. « Les femmes ont indéniablement un instinct plus protecteur et ont moins d’accidents que les hommes, souvent trop sûrs d’eux ». Comment changer les habitudes ? « Il faut souvent malheureusement un accident ou une infraction grave comme la prise d’alcool ou de drogues pour changer radicalement d’attitude ». Mais un autre vecteur insoupçonnable a également une grande importance : l’éducation. « On se construit une personnalité sociale routière en prenant le meilleur de sa mère et de son père », conclut Jean-Pascal Assailly.