Clotilde Delbos : une femme à la tête de Renault
Le nouveau directeur général de Renault est une directrice. Thierry Bolloré vient, en effet, fraîchement d’être remplacée par Clotilde Delbos qui devient une des rares femmes à accéder à de telles fonctions dans l’univers automobile. Un cas rare, mais pas unique.
Cela faisait plusieurs jours que le départ de Thierry Bolloré était évoqué suite aux résultats en demi-teinte du groupe au Losange, et aux relations compliqué que l’ancienne équipe entretient avec l’allié Nissan depuis l’affaire Carlos Ghosn. Au premier semestre 2019, Renault a enregistré un bénéfice médiocre de 970 millions d’euros (un chiffre bien inférieur à celui de PSA) et a été impacté par les mauvais résultats de son acolyte Nissan dont le bénéfice ne cesse de piquer du nez depuis l’an dernier. La décision de changer de direction aurait donc été motivée par besoin de donner un nouveau souffle au constructeur Renault en particulier et à l’Alliance en général.
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Clotilde Delbos : une femme pour relancer Renault
Et pour relancer l’Alliance, c’est une femme, Clotilde Delbos, qui a été choisie pour trôner, presqu’au sommet de l’organigramme. Précédemment directrice financière de Renault, elle devra, aux côtés du président du groupe Jean-Dominique Senard, aider à tourner la page des turbulences qui ont secoué les membres de l’Alliance depuis un an et piloter le navire, en attendant le successeur définitif à Thierry Bolloré. La nomination de Clotilde Delbos, 52 ans, est certes temporaire, mais cette dernière devient tout de même l’une des rares femmes à prendre la tête d’un constructeur automobile dans le monde. Six ans après l’arrivée de Mary Barra à la tête de General Motors, la Française devient ainsi la troisième femme à prendre les commandes d’un constructeur automobile majeur, puisque l’autre marque française, Citroën, est dirigée par Linda Jackson. Diplômée d’une grande école de commerce (l’EM Lyon), Clotilde Delbos est une pure financière qui a lancé sa carrière de l’autre côté de l’Atlantique, en Californie, chez les géants de l’audit King Bearings et Price Waterhouse, avant de rentrer en France. En 1992, on la retrouve chez Péchiney, poids lourd de l’aluminium où elle a occupé diverses fonctions : audit, trésorerie puis directrice financière. Rachetée par Alcan puis Rio Tinto, un nouvel ensemble nommé Constelliom regroupent les activités de l’entreprise d’aluminium, Clotilde Delbos prend alors le titre de directrice financière adjointe de ce géant basé à Amsterdam qui est également le siège de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. D’abord recrutée par Renault en tant que directrice performance, elle est nommée directrice financière du groupe Renault en 2016, avant d’accéder au titre presque suprême aujourd’hui. Si un cabinet de recrutement cherche toujours le successeur définitif de Thierry Boloré, Clotilde Delbos pourrait bien finalement, au regard de ses compétences, faire l’affaire et devenir une nouvelle tête pour Renault à long terme.
Mary Barra : première femme à la tête d’un géant automobile
Elle est donc la numéro 2 d’un grand groupe, comme Linda Jackson, qui, à la tête de Citroën est de fait, numéro 2 de PSA. Il n’y a donc toujours qu’une femme réellement au sommet de cette industrie, l’américaine Mary Barra. Après 33 ans de maison chez General Motors, cette fille d’ouvrier s’est hissée au sommet de l’organigramme de General Motors en 2013. Diplômée d’un Masters of Business Administration de l’université de Stanford, elle a, tout comme Clotilde Delbos, occupée diverses fonctions dans le groupe qu’elle n’a pas manqué de revitaliser et de redresser grâce à ses talents financiers. A peine nommée PDG, Mary Barra affronte la pire crise de l’entreprise : quelque 30 millions d’automobiles sont rappelées par GM à cause d’un système d’allumage défectueux qui a coûté la vie à 124 personnes. Mais la « Car girl » (Fille de l’automobile dans le jargon GM), gère la crise à merveille et, en 2015, General Motors réalise un profit net de 9.5 milliards de dollars. Mary Barra, considérée aujourd’hui comme l’une des femmes les plus influentes du monde est dithyrambique quand elle évoque General Motors : « La carrière que j’ai menée a été rendue possible par des dirigeants qui, quelques années auparavant, ont su comprendre les avantages que représentait une force salariée diversifiée. Ils ont offert à des femmes telles que moi des opportunités auxquelles nous n’avions pas accès dans le passé. » Trois femmes, trois marques et trois parcours exemplaires peut-être précurseurs de nombre d’autres.