Argus : les cotes de reprise des véhicules d’occasion gelées
Alors que sévit l’épidémie de Coronavirus, l’Argus fait preuve d’engagement en gelant jusqu’à fin Mai 2020 la cote des reprises des véhicules. L’objectif : soutenir la filière automobile des ventes d’occasion. Le directeur général de l’institution, Olivier Flavier, nous explique la démarche du groupe.
Depuis deux mois, les ventes automobiles sont en chute libre à cause de la situation exceptionnelle de confinement. Pour tenter d’apporter son aide, en attendant la réouverture prochaine des garages, le groupe Argus a décidé de suspendre sa cote des valeurs de reprises destinées au marché professionnel du 30 Avril à fin Mai. Un geste sans précédent depuis 1940. Le groupe souhaite, bien évidemment, par cette mesure exceptionnelle de confinement de sa célèbre cote, encourager la reprise économique de la filière automobile. Une mesure vitale pour une partie de celle-ci : la vente de voitures d’occasion qui représente 5 millions d’automobiles chaque année, dont 2 millions transitent par des professionnels. Un chiffre équivalent au marché du neuf.
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Argus, un centenaire vivace
La première cotation d’automobiles d’occasion a été imaginée par l’Argus sur le modèle des cotations de chevaux de course. C’était en 1920 et s’appelait alors « Cote Autoveritas ». Depuis, la Cote Argus s’est forgée une solide réputation en référençant tous les modèles et en permettant de les recenser et de les valoriser en fonction de leur âge, mais aussi en fonction de leur état. L’Argus, dont le nom a été choisi pour évoquer le monstre de la mythologie romaine qui disposait de cent yeux, n’a pas perdu en lucidité depuis lors et continue à observer les modèles du marché dont il est devenu l’absolue référence. Et l’institution a ainsi pu observer qu’après 40 jours de confinement, les professionnels de la distribution disposent de stocks de voitures d’occasion invendues qui se déprécient forcément au fil du temps. Pour les aider, et leur éviter de perdre de l’argent, Olivier Flavier, directeur général de l’Argus a donc décidé de geler la cote des reprises durant deux mois. « 400 000 voitures sont concernées, en France » révèle-t-il à Vivacar. Un stock qui se chiffre à près de 6 milliards d’euros pour un prix moyen de 15 000 euros par auto. D’où l’importance du geste de l’Argus.
Redonner du souffle au marché de l’occasion
C’est donc un souffle d’air pour les concessionnaires et agents, mais aussi pour tous les professionnels indépendants qui ont, pour beaucoup d’entre eux, perdu près de 70% de leur chiffre d’affaires, selon une étude du CNPA (Centre national des professions de l’automobile). Pour Olivier Flavier, cette action permettra de « protéger le pouvoir d’achat de tous ». Et même des particuliers, dans une moindre mesure, car les 2,5% de décote moyenne par mois qu’ils perdent sur un véhicule au moment de l’achat à un professionnel au mois de mai lors du déconfinement, ils le retrouveront lors de la revente de leur auto, puisqu’elle sera valorisée grâce à ce gel. Quant aux autos qui s’échangent entre particuliers, elles restent au prix d’avant, ce qui avantage le vendeur amateur. Cette aide à la profession a évidemment un coût pour l’Argus, d’autant que l’entreprise souffre comme les autres de la crise. Selon Olivier Flavier, « le chiffre d’affaires est en baisse de 20 à 30%. Vivement le déconfinement ».
180 millions d’euros de dégâts
Une baisse d’activité qui n’est évidemment pas du niveau des distributeurs d’automobiles qui, quant à eux, risquent, sans la décision de l’Argus, une dépréciation de leur stock évaluée à 180 millions d’euros sur les deux mois de confinement. Une lourde somme qui s’ajouterait aux autres baisses de chiffre d’affaires qui les pénalisent en ce moment, sans l’intervention de la fameuse cote.